IAE Grenoble – Master Management de la Chaîne Logistique – Olivier LAVASTRE – Interview

Sommaire

Pouvez-vous vous présenter et présenter en quelques mots le master ?

Je suis Olivier Lavastre, professeur des universités à Grenoble IAE. Grenoble IAE est l’une des huit écoles de Grenoble INP (Institut National Polytechnique – Institut d’Ingénierie et de Management) et elle appartient à l’Université Grenoble Alpes. C’est une école de management, une école universitaire de management donc publique. Ce n’est pas une école de commerce privée, nous sommes une institution publique.

Je suis responsable du master 2 Management de la Chaîne Logistique (MCL). Ce Master 2 appartient à un grand master qui s’appelle le Master GPLA (Gestion de Production Logistique et Achats). Les masters GPLA sont présents dans plusieurs universités, dans divers IAE.  Notre master GPLA a deux spécialités :

  • Le Master 1 GPLA,
  • Et deux Master 2 : le master 2 DESMA (Management stratégique des achats) et le master 2 MCL (Management de la chaîne logistique)

Ces deux masters 2 et le master 1 forment le master GPLA.

Nous allons donc plutôt parler du master 2 MCL. Il a deux axes privilégiés, on ne va pas dire deux axes de différenciation mais deux axes sur lesquels les étudiants travaillent particulièrement.

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Olivier LAVASTRE – IAE Grenoble

Dans un premier temps, nous avons le Supply Chain Management Industriel. Si nous avions pu s’appeler initialement comme nous l’aurions voulu, nous nous serions appelés Supply Chain Management mais les titres universitaires publics n’ont pas le droit d’être en anglais. C’est pour cette raison que nous nous appelons Management de la chaîne logistique (MCL) mais sinon nous faisons vraiment du supply chain management notamment industriel.

Autrement dit nos étudiants ne vont pas travailler chez des prestataires du services logistiques, ne font pas de la logistique et font rarement du transport. On est vraiment sur des fonctions industrielles. Par exemple : Demand Planner, Planificateur, Ordonnanceur, Responsable des flux amont, Responsable des flux aval, Responsable des flux internes… Nous sommes très généralistes dans tout le périmètre de la chaîne logistique amont, interne et aval.

Dans un second temps, nous avons les systèmes d’informations comme support aux processus de supply chain management. Autrement dit pour faire du supply chain management tel que nous l’entendons dans notre formation et tel que les professionnels avec lesquels nous sommes en relation nous le disent, il faut utiliser des systèmes d’informations. Nos étudiants vont donc être formés sur l’utilisation de ces systèmes non pas comme programmateurs, mais plutôt comme fonctionnels, comme utilisateurs. C’est donc pour cette raison que nos étudiants sont formés aux ERP. Ils manipulent en l’occurrence en master 1 l’ERP commercialisé par la société SAP. Et dans nos formations en master 2, nous les formons sans utilisation cette fois aux APS (Advance Planning System – système de planification avancé), aux MES (Manufacturing Execution System) et aux outils de supply chain execution comme les WMS (Warehouse Management System), les TMS (Transportation Management System) et les OMS (Order Management System). Voilà en quoi consiste le deuxième axe. Les étudiants ne deviendront pas des programmateurs mais ils vont être des utilisateurs. Cependant certains de nos étudiants, grâce à cet axe Système d’Information, deviennent consultants fonctionnels dans des cabinets soit de conseils, soit chez des éditeurs de système d’information comme SAP, comme HARDIS… Hardis qui est une société grenobloise mais que beaucoup de personnes connaissent dans la logistique et dans la supply chain car c’est eux qui ont fait le drone inventoriste et car ils commercialisent un WMS qui s’appelle Reflex. En ce moment nous avons une bonne dizaine d’anciens étudiants qui travaillent chez Hardis dans les différents postes.

Donc deux axes de différenciation : supply chain management industriel et systèmes d’informations comme support aux processus de supply chain management.

Nous recrutons régulièrement des profils industriels, nous sommes assez alertes aux profils d’ingénieur et j’ai entendu que vous parliez « d’INP » et nous voyons de temps à autres des profils d’ingénieurs ayant fait l’INP qui est une bonne école. Si je suis étudiant, pourquoi je viendrais plus vers vous que vers l’école d’ingénieurs qui sur certains postes correspond à vos débouchés ?

Effectivement sur certains postes, nous pouvons nous retrouver. C’est une excellente question ! Grenoble IAE fait partie de Grenoble INP depuis le 1er janvier 2020 donc c’est relativement récent ; il n’y a pas encore de vrai programme commun, il y a des années de césure communes mais pas encore de vrais programmes communs en supply chain et logistique. Je ne vais donc pas chercher à opposer école d’ingénieurs et école de management mais nous sommes plus alertes sur l’organisation, sur le management, la gestion du changement, la communication autour de ce genre de choses.

Nos étudiants sont un peu moins forts en modélisation, en recherche opérationnelle mais dans toute la compréhension de la complexité d’un système, ils sont peut-être un peu plus à l’aise. J’entends par là dans la transmission des informations, dans la coordination des différents acteurs qui est l’un des maîtres-mots du supply chain, ils sont très forts. Je faisais intervenir il y a quelques années une responsable du bureau des méthodes industrielles dans une grande entreprises industrielles qui me disait : « J’interviens chez vous car j’aime vos étudiants. Ils sont peut-être moins forts dans les chiffres mais ils passent bien, ils sont sur le terrain, ils discutent avec les gens, ils arrivent à convaincre les gens… Ils ont une bonne compréhension du système… Ils sont très fort dans la compréhension générale ».

Attention, je ne dis pas les ingénieurs sont moins bons dans ces aspects-là ! Bien évidemment, tout est relatif. Mais c’est vraiment dans le management et puis avec notre école BAC +5, ils ont normalement déjà eu des cours de marketing, de RH, de stratégie, de comptabilité, de finance donc ils ont une très bonne connaissance de tous les enjeux, de toutes les problématiques de l’entreprise.

Et puis comme je l’ai dit dans la présentation de notre formation, elle est très ouverte dans le domaine de la supply chain. Il y a certaines formations qui sont axées vers le commerce international, vers le transport ou d’autres vers la logistique interne. Nous formons un très large spectre : l’amont, la gestion des approvisionnements, la gestion des fournisseurs, l’interne, la gestion des stocks, la production, l’organisation des flux dans les usines et puis l’aval avec la distribution, la relation avec le client voire même le consommateur final.

Donc nous avons vraiment tout ce large spectre et nous ne sommes pas spécialisés dans une partie trop industrielle par exemple.

Comment est-ce qu’on arrive jusqu’à ce master ? Que faut-il avoir fait avant ?

Si on parle du master GPLA on peut y rentrer avec une licence 3, avec un diplôme BAC +3. Si on s’intéresse uniquement au master 2 Management de la Chaîne Logistique (MCL) il faut avoir un équivalent BAC + 4. Donc idéalement un master 1 ou un BAC +4. Nous sommes vraiment très ouverts à pleins de cursus différents. Grenoble IAE a pour ADN d’être ouvert sur le monde, d’accueillir des profils différents. Nous accueillons, sans être exhaustif, des étudiants sortis d’école d’ingénieurs, des étudiants qui sortent bien évidemment d’école de gestion et de management et puis aussi des cursus plus originaux comme LEA (langues étrangères appliquées), des géographes parfois, des urbanistes… Nous sommes vraiment très ouverts et cela dépend du dynamisme… A ce sujet, à titre d’exemple, nous avons accueilli une étudiante en histoire qui était brillante. Mais cela dépend vraiment de l’attitude de l’étudiant, s’il est curieux, motivé, s’il s’est dit « j’ai découvert des métiers en L1 et en L2, j’ai pu rencontrer des étudiants par LinkedIn, j’ai discuté avec des anciens élèves, j’ai assisté à la journée portes ouvertes, j’ai lu des journaux professionnels, je me suis vraiment renseigné et c’est ce métier que je veux faire pour ces raisons et dans 5 ans je me vois là ».

Autrement dit, on recrute des « têtes bien faites », des esprits équilibrés, motivés par la supply chain parce que ce n’est pas du marketing. Le marketing on en entend parler à longueur de journée depuis le lycée… Ce n’est pas de la comptabilité, les professeurs de lycée forment déjà à la comptabilité. Ce n’est pas des ressources humaines, d’ailleurs il y a peut-être une différence entre l’image que l’on se fait des RH et la réalité…

La supply chain, c’est un métier dont on est confronté tous les jours mais finalement on ne le voit pas. Avec la crise du covid, on s’est aperçu qu’il y avait de l’industrie et de la logistique parce qu’il n’y avait plus de produits dans les rayons des supermarchés. La logistique et la supply chain sont vraiment des mots qui, à mon sens, sont apparus aux yeux du grand public grâce à la crise.

Le master est également ouvert à la formation continue. Autrement dit pour des salariés en reprise d’étude, il est tout à fait ouvert à de la formation continue. Il n’y a de critères particuliers. L’idéal est d’avoir un BAC +4 mais l’accès est possible avec une validation des acquis professionnels BAC +2 et beaucoup d’expériences professionnelles pour intégrer notre master. Tout ceci est évalué sur dossier.

Justement, peut-on avoir un ordre de grandeur du nombre de personne qui postule, du nombre de personne par promotion et qu’est-ce qui fait la différence ?

La sélectivité ! Notre master 2 compte entre 25 et 27 étudiants. En général pour donner un ordre de grandeur, il y a sur ces 25–27 personnes à peu près 3 à 4 personnes en formation continue. Nous n’avons pas voulu ouvrir une formation continue pour ouvrir une formation continue. Cependant les managers avec lesquels nous étions en relation dans la région de Grenoble nous ont dit qu’ils ont des collaborateurs dont ils aimeraient qu’ils montent en compétences, au niveau cadre etc. Ils nous ont donc demandé d’ouvrir la formation en continue.

Nous les accueillons, ils sont d’ailleurs les bienvenus car cela crée une dynamique intéressante dans la promo. Cette année nous n’avons que deux étudiants car la sélection a été très rude mais nous avons généralement 3 à 4 étudiants en formation continue.

Nous avons une bonne vingtaine d’étudiants qui sortent de formation en initial. De ces étudiants, nous avons une majorité qui vient de notre master 1 GPLA car nous nous sommes aperçus qu’avec la réforme LMD, les étudiants pris dans un master 1 restent pour leur master 2, même si nous recevons de très bons dossiers. Donc on est vraiment sur des tubes et il y a peu de variations. Mais nous sommes tout de même très ouverts sur les profils extérieurs.

Pour l’ordre de grandeur, c’est très variable c’est vraiment à prendre avec des pincettes. Je peux vous annoncer 8 000 candidatures pour trois postes, non ! On va dire, il peut y avoir une cinquantaine, une petite cinquantaine de dossiers pour les 5 à 6 places réservés pour les dossiers extérieurs. L’IAE est une école avec des masters 2, des masters 1 et des licences 3. Il y a notamment une licence 3 en management général qui va former au master GPLA. Et donc pour rentrer dans le master 1, nous avons des étudiants qui viennent de la licence 3 et des étudiants qui viennent de l’extérieur.

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IAE & INP Grenoble un lien étroit

Le master 1 GPLA, c’est 40 places. Ces 40 étudiants vont se répartir dans le DESMA (formation aux achats) et dans le master 2 MCL. Voilà quelques chiffres pour la sélectivité. Nous sommes, on peut le dire, un master plutôt sélectif et nous recrutons sur la qualité de l’étudiant. Nous ne sommes pas soumis à la pression du chiffre, nous ne sommes pas tenus d’avoir une promotion à beaucoup d’étudiants. Cette année ils sont 27, l’an dernier ils étaient 19 et il y a trois ans, ils étaient 32 ! Généralement le chiffre que nous visons est à peu près 25 étudiants mais nous n’avons pas de logique de rentabilité ou de remplissage de promotion.

Il y a quand même une grosse part qui est laissée à l’apprentissage ? Et quel est le rythme ?

Effectivement vous avez raison, notre master 2 est en apprentissage. Le master 2 est donc en alternance et le rythme que nous avons choisi correspond à 3 semaines en entreprise et 1 semaine à l’université. Il y a parfois des exceptions où nous avons deux semaines consécutives de formation mais nous avons 12 semaines de cours de mi-septembre jusqu’à fin juin. Le calendrier est communiqué en mars.

Concernant l’alternance, il y a finalement trois modalités administratives. Nous avons les contrats d’apprentissage financés par la région. Chez nous c’est FormaSup Isère – Drôme – Ardèche. Nous avons les contrats de professionnalisation, quelques-uns. Nous avons aussi la formation continue sachant que les élèves en formation continue peuvent aussi être en contrat de professionnalisation. La majorité sont surtout des contrats d’apprentissage. Mais tout ceci forme une seule et même promotion généralement homogène donc pas de différences administratives. Nous sommes tous sur de l’alternance en terme pédagogique : alternance entre théorie et pratique, alternance entre vie à l’IAE et vie en entreprise.

Les écoles aiment bien mettre en avant leur réseau. Est-ce que c’est un aspect sur lequel vous travaillez et si oui, comment ?

Nous commençons à avoir un vrai réseau pour le master MCL. Plus largement, au sein de Grenoble IAE, nous avons le réseau des alumnis de plus de 27 000 anciens diplômés de Grenoble IAE puisque l’IAE a été créée en 1968.

Nous avons un LinkedIn interne à Grenoble IAE qui s’appelle « IAE Community » réservé aux étudiants de Grenoble IAE et sur lequel les entreprises déposent leurs offres de stages, d’alternances, de CDD, de CDI etc. Les étudiants peuvent postuler et les entreprises ont accès aux CV des étudiants.

Sinon, le meilleur des réseaux c’est LinkedIn. Vous tapez « Grenoble IAE MCL » ou « Grenoble IAE Supply Chain » et vous verrez ce que sont devenus nos étudiants. Je trouve qu’il n’y a pas de meilleure publicité que les étudiants. Si vous voulez savoir ce que ça vaut, contactez nos anciens étudiants par LinkedIn, envoyez un mail comme ça, vous verrez ce qu’ils pensent de nous et vous verrez aussi leurs parcours, ce qu’ils sont devenus.

Pour être très précis, notre master s’appelle MCL depuis 2011. Avant 2011, il s’appelle MSICL pour « Management et Systèmes d’Information pour la Chaîne Logistique ». Avant il s’appelait DESS, créé en 2001. Donc notre formation est ancienne, elle a beaucoup d’anciens. Le DESS s’appelait VAL pour « Vente, Achats et Logistique ».

On se dit qu’on a une super formation et le taux de recrutement est de 100 % pour ceux qui veulent ! Certains après leur M2 se disent « on va faire une pause, on va faire le tour du monde » mais pour ceux qui sont un tout petit peu mobiles autrement dit qui ne veulent pas une entreprise à 500 mètres de l’arrêt du tram de la ligne A de Grenoble, pour ceux qui parlent à peu près bien anglais, il n’y a aucun problème de recrutement !

Vous évoquiez les personnes qui intègrent le master en cours de carrière. En quoi, selon vous, cela peut être une bonne chose de venir faire ce master au cours de sa carrière ?

Un master 2 n’est pas une boîte à outils que l’on vient chercher et tout de suite déployer. Un master 2, normalement, est là pour vous faire prendre du recul. Du recul c’est avoir un esprit critique et constructif sur ce qui est fait en entreprise. La question : « Mais pourquoi ont-ils fait ça ? Je ne comprends pas pourquoi ils ont fait ça ». Alors je peux discuter avec les autres mais aussi je vais regarder ce qu’il y ait écrit dans les livres, je vais faire un peu de benchmark et je vois qu’il y a d’autres solutions. Quand je regarde l’entreprise, je peux leur dire « pourquoi ne faites-vous pas comme-ci ? ». Je peux les challenger et avoir un esprit critique en leur disant qu’ils auraient pu faire comme ça. Critique mais constructif. Pas critique et destructeur. Et si vous le transformiez comme ça ?

Alors que si nous ne sommes formés uniquement sur une boîte à outils nous ne connaissons que l’outil en quelque sorte, que son déploiement dans telle ou telle entreprise. Alors que le master 2 sert à avoir du recul sur certaines situations. Cela sert aussi à prendre de la hauteur sur une situation. Je fais une tâche, j’ai une activité dans un processus. L’idée du master 2 c’est d’étudier la totalité du processus : quel est la brique que je fais et surtout bien comprendre le mur dans lequel s’insère la brique.

Souvent quelques étudiants qui se sont trompés disent qu’ils candidatent dans notre master 2 pour avoir des outils. Je leur dis donc « Non je suis désolé, on ne vous forme pas à des outils ». Une licence 3 forme à des outils. Après une licence 3, vous pouvez aller sur le marché du travail car vous êtes équipés d’outils très opérationnels. Alors qu’en master, 2 les outils on vous les donne mais on ne vous les donne pas tout bouclés. C’est en quelque sorte à vous de les construire et à vous de les adapter à l’entreprise dans laquelle vous êtes.

Dans notre master 2, nous formons à cet esprit-là. Nous demandons un mémoire de stage et pas un rapport de stage. Nous demandons à nos étudiants d’observer ce qu’il se passe dans leurs entreprises. En cours, nous leur proposons des cas théoriques, des graphiques, des schémas, des grilles d’analyse, des lunettes… Et grâce à ces lunettes, ils vont mieux comprendre ce qu’il se passe en entreprise. Par exemple, je vais pouvoir mieux comprendre qu’ils ont mis en place le processus S&OP en suivant ces quatre étapes-là, qui sont les étapes classiques. Mais dans cette entreprise ils ont rajouté une autre étape, mais pourquoi etc.

Donc finalement un master 2 ça sert à fournir des lunettes qui permettent : de prendre du recul et de prendre de la hauteur. Recul, esprit critique et constructif. De la hauteur, mieux comprendre le processus plus large dans lequel j’interviens.

On reproche beaucoup aux formations universitaires, tous diplômes et formations confondus d’être délivrés par des universitaires, des gens qui ne sortent jamais vraiment de l’école, qui ne savent pas ce qu’il se passe en entreprise et qui donnent de l’information aux étudiants sans finalement savoir si c’est au goût du jour, si c’est encore comme ça que l’on procède etc… On voit d’ailleurs certains sortis d’école déchanter sur le monde de l’entreprise suite à ce qu’on leur vend sur l’entreprise par des gens qui n’ont jamais mis les pieds dans le concret. Quelle est votre position sur ce sujet ?

Nous savons que nous faisons du bon travail car nos étudiants sont recrutés, ils sont recherchés. Nous recevons beaucoup plus d’offres d’alternance de la part des entreprises que d’étudiants. À la fin du cycle nous avons beaucoup d’offres non pourvues. Certaines entreprises nous expriment le fait qu’elles auraient aimé avoir nos étudiants dans leurs équipes.

Je considère que je ne suis pas praticien, je ne peux pas parler de l’entreprise X mais je peux parler de l’entreprise W, X, Y, Z. Je peux parler d’un grand nombre d’entreprises. Le recul et la hauteur que j’ai acquis résultent du fait que cela fait 20 ans que je côtoie des supply chain managers et des personnes qui travaillent dans le domaine.

Paul Valery disait : « Tout ce qui est simple est faux. Tout ce qui est expliqué est inexploitable ». Moi j’essaie de simplifier les choses et de faire passer quelques messages très simples. C’est à l’étudiant en étant recruté dans l’entreprise X, Y et Z à s’adapter au contexte, aux systèmes d’informations, aux pratiques de l’entreprise en question.

Nous faisons intervenir beaucoup de praticiens. En master 2 MCL un cours équivaux à quatre séances de cours. Généralement je fais trois séances et je confie la quatrième à un praticien qui apporte un témoignage sur ce qu’il se passe dans son entreprise. Si je présente un outil, je fais intervenir les étudiants en leur demandant comment procèdent-ils dans leurs entreprises. Je présente une bonne pratique et je demande aux étudiants en alternance comment cela se passe dans leurs entreprises. Les étudiants échangent donc entre eux et cela me permet de me tenir au goût du jour aussi. Sur les quatre séances, il y a toujours une séance assurée par une praticienne et celui-ci apporte le témoignage de ce qu’il se passe en entreprise. Il ne vient pas faire un cours théorique, il vient dire qu’il va vous parler d’un ERP, du S&OP, des APS etc. Généralement dans le master 2 MCL un cours est égal à quatre séances et sur ces quatre séances il y a une séance assurée par un professionnel. Il y a quelques cours qui sont assurés entièrement par des professionnels, par des praticiens. Je pourrais vous donner des noms mais ce sont plutôt des gens qui travaillent dans de grandes entreprises de la région.

Je ne saurais pas faire une transaction sur SAP tout de suite. Si vous me mettez sur l’ERP de SAP c’est clair que non. J’ai fait des cours sur l’ERP de SAP mais dans le cas de l’entreprise X où il faut passer la commande pour le client Y là tout de suite je ne saurais pas le faire. Mais dans deux heures je saurais. Et dans trois heures je saurais faire bien plus que ça. Autrement dit, j’exagère un petit peu, effectivement je n’ai pas pratiqué. Je suis professionnel. Je suis professionnel de l’enseignement et de la recherche. Mais je ne suis pas praticien de ce que j’enseigne. Professionnel veut dire que je l’exécute avec beaucoup de rigueur. Cela fait 20 ans maintenant que j’enseigne. Je suis des stagiaires, des alternants. Je fais intervenir des praticiens. Je lis de la presse professionnelle. Je suis des webinars. Je suis en discussion par des réseaux personnels avec des praticiens du supply chain. Nous les faisons d’ailleurs intervenir en cours. Je pense que je ne suis pas du tout déconnecté de la réalité. Je suis enseignant-chercheur et l’activité de recherche est quelque chose que j’essaie de faire en lien avec la réalité de l’entreprise. Dans la formation, nous avons plutôt des professeurs pour lesquels les étudiants disent que c’est super car nous essayons vraiment de se tenir au goût du jour en faisant intervenir des professionnels.

Vous êtes enseignant-chercheur et je vois que vous avez publiez des livres. Comment en êtes-vous arrivé là ? Quelle est la valeur ajoutée pour les étudiants d’avoir un enseignant-chercheur versus un enseignant « classiques » ?

Un enseignant-chercheur est censé faire de la recherche et divulgué le fruit de ses recherches à l’université. C’est l’objectif premier de l’université. Un enseignant-chercheur fait de la recherche et il enseigne ce qu’il cherche. Ce n’est pas forcément toujours le cas… En tout cas, il y a des messages qui passent sur le fruit de nos recherches. Pour ma part, mes cours sont réactualisés tous les ans et je cherche toujours de nouvelles informations pour me tenir à jour. Je ne prends pas juste un livre que d’autres ont déjà fait et je demande aux étudiants de lire ce chapitre de tel ouvrage. Je construis le cours et nous sommes beaucoup à le faire. Je suis en science de gestion du management. Je ne suis pas en science de l’ingénieur ni en recherche opérationnelle ni en mathématiques. Mon objet d’étude c’est l’entreprise, c’est l’organisation, c’est l’individu, c’est le salarié. Lorsque je fais ma recherche, j’interroge des gens. Je n’interroge pas des ordinateurs en faisant de la modélisation. En interrogeant les gens, je suis au contact de ce qu’il se passe sur le terrain.

Mes recherches actuelles portent sur les risques liés à la chaîne logistique et nombreux sont les résultats de ces recherches que je diffuse dans les cours. Mon deuxième objet d’étude porte sur l’innovation managériale dans le supply chain management, les nouvelles façons de faire du supply chain management : CPFR, VMI, CMI, APS etc… Je m’en sers pour construire mes cours. Il faut trouver des idées de recherche qui puissent alimenter très fortement les cours.

Enfin, avez-vous une recommandation pour les étudiants qui veulent ou qui viennent dans votre master ?

Une recommandation pour les étudiants qui veulent venir chez nous : renseignez-vous sur notre formation. N’allez pas que sur notre site internet. Avec les sites internet, nous pouvons leur faire dire n’importe quoi. Donc renseignez-vous, rentrer en contact avec nos anciens étudiants par LinkedIn, Viadeo voire Facebook… Rentrez en contact avec nos étudiants actuels et passés ! Ne traversez pas la France en vous disant je suis venu(e) chez vous parce que je suis super motivé(e) votre site internet est très très bien. Renseignez-vous sur notre formation.

Il y a un proverbe populaire qui dit : « La plus belle des mariées ne peut offrir que ce qu’elle a ». Nous avons un master, il a été construit avec une logique. Mais si vous cherchez un master en logistique transport il ne correspondra pas à ce que vous voulez. Renseignez-vous, montrez que vous êtes motivés et pas seulement en répétant quatre fois dans l’entretien que vous l’êtes.

Qu’est-ce que c’est qu’être motivé ? C’est d’être rentré en contact avec des anciens, d’avoir lu des documents, se tenir au courant de l’actualité de la logistique et du supply chain management, déjà envisager (même si c’est compliqué) ce qui vous motive à moyen terme. Vous devez au moins être motivés par quelque chose. Dites-vous également qu’un master 2 c’est vous qui l’avez choisi. C’est vous qui aviez choisi de faire un master 2. Vous auriez pu choisir de vous arrêter en master 1, en licence pro, en BUT. Vous avez choisi de faire un master 2. Vous avez choisi de travailler. Ce n’est pas une année facile, vous avez choisi de continuer vos études. Cela représente un investissement pour vous, en temps, en stress et c’est du boulot. Un master n’est pas une boîte à outils qu’on vous donne, c’est une boîte de réflexion en quelque sorte. Ce sont des outils pour prendre du recul et de la hauteur.

Voilà des conseils pour rentrer et pour rester !

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Publié le 31 mars 2022

A propos de l'auteur
Yann NABUSSET
Fondateur du cabinet de recrutement AMALO
Diplômé d'un Master en achats, logistique et distribution. 👨🏻‍🎓
Recruteur sur les métiers techniques depuis plus de 10 ans 🥲
Je parle emploi, recrutement, industrie, logistique et supply chain.
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