Interview Alain FERCOQ – Directeur du mastère spécialisé MPI des arts et métiers paristech

Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre parcours ?

Donc alors pour positionner mon rôle aujourd’hui au sein des Arts et Métier, je suis directeur du Master spécialisé “Manager de la Performance Industrielle” qui avant s’appelait Lean et logistique. J’ai ce rôle-là depuis huit ans maintenant.

Concernant mon parcours, je suis ingénieur des Arts et Métiers avec une spécialité génie industriel.

J’ai également eu des fonctions de management opérationnel en gestion de production en bureau d’études et en production, ce qui implique un management d’une dizaine de personnes voir jusqu’à une centaine de personnes.

En plus de tout cela, j’ai eu l’opportunité de conduire une thèse doctorale sur l’intégration de Lean management et du Green.

Doctorat que j’ai fini par obtenir en 2014

Après cela, je suis rentré dans le monde du conseil pour faire des projets en excellence opérationnelle Lean Management au sens large.

Et en parallèle de ça, et c’est pour cela que nous avons cet échange aujourd’hui, j’anime le master “Manager de la Performance Industrielle”.

Pourquoi vous être orienté vers la formation plutôt que vers un rôle qui serait potentiellement hiérarchique et grandissant chez un industriel ?

Au début de ma carrière, manager était un peu un point d’intérêt et c’est ce que j’ai pu faire. Mais quand on est manager (responsable de production), on est amené à conduire des projets d’amélioration continue, d’accélération de flux, d’optimisation de la performance opérationnelle vis-à-vis des clients donc ce que j’ai fait sur un périmètre donné dans un dans un groupe suédois, dans un groupe très connecté avec le monde japonais, j’ai voulu le faire dans différents contextes. C’est pour cela que je suis rentré dans le monde du conseil, donc c’est conduire des projets dans différents contextes, et il y a sans doute plus de diversité que du management opérationnel puisque quand on fait du conseil on a plusieurs projets dans une année, plusieurs contextes industriels, plusieurs types de projets même si le fil rouge reste l’amélioration de la performance opérationnelle.

Pour faire le lien avec la formation, je forme deux types de populations :

  • Des futurs managers opérationnels qui vont faire de l’amélioration continue car c’est une partie inhérente dans tout poste opérationnel ;
  • Des futurs responsables excellence opérationnels, ingénieurs Lean, responsables amélioration continue, ingénieurs méthodes qui vont animer au sein d’une entreprise un portefeuille de projets au service de la performance opérationnelle.

Comme vous l’aurez compris, le sens même de ce master est donc de préparer des acteurs de l’amélioration continue, de l’excellence opérationnelle.

Quelle différence entre le Master spécialisé et le diplôme d’ingénieur des arts et métiers ?

Pour parler de Master spécialisé, il faut distinguer deux types de formation, la formation initiale versus la formation continue.

Pour commencer, la formation initiale c’est lorsqu’on veut obtenir le diplôme d’ingénieur, on est dans la dans le cas d’une formation initiale (niveau BAC+5).

A contrario, lorsqu’on vise un Master spécialisé, on est sur la formation continue, donc pour quelqu’un qui a un profil étudiant il va chercher une sixième année de spécialisation donc il va se placer en BAC+6, mais également dans le cas d’une formation continue pour le Master spécialisé des salariés qui veulent se mettre en disponibilité ou qui veulent tout simplement réorienter leur carrière.

Les échelons sont assez variables car je peux avoir des profils d’une trentaine d’années jusqu’à des profils de 50 ans, qui passent un an au sein de ce Master spécialisé pour acquérir une compétence complémentaire.

alain frecoq arts et métiers

Comment sont sélectionnés les étudiants qui intègrent le master Manager de la Performance Industrielle ?

Chaque année nous avons à peu près 200 sollicitations et grosso modo une année normale nous avons 80 dossiers ficelés qui sont pris en compte et évalués dans le cas de jury de recrutement. Nous avons au total 5 jurys de recrutement étalés de mars à juillet.

Par rapport à 70 à 80 dossiers qui sont reçus, nous allons de par les critères de sélection, sélectionner une trentaine de dossiers.

Nos tailles de promos tournent autour d’une vingtaine d’étudiants en général.

Sur quels facteurs sont choisis les candidats ?

Les critères clés sont le profil initial à travers le profil académique initial, la connexion plus ou moins marquée avec la maquette pédagogique du Master mais ça, ce n’est pas forcément fondamental.

Le facteur clé reste avant tout le projet professionnel. C’est une évaluation des projets professionnels en termes de cohérence entre un parcours initial (que ce soit il y a un parcours de type formation) ou un parcours professionnel, et comment cette intégration au sein du Master Manager de la Performance Industrielle permet de doper le CV et d’avoir un fil rouge clairement établi.

Nous accordons donc beaucoup d’importance au projet professionnel.

Beaucoup de dossiers peuvent être refusés à cause d’un projet professionnel mal ficelé, mal argumenté et qui n’est pas cohérent.

Prenons comme exemple une personne qui veut s’orienter dans le domaine pétrolier.
Cette personne ne sera pas acceptée parce que notre maquette pédagogique ne l’aborde pas, il y a un décalage.

Quelle est la proportion de jeunes ingénieurs versus des professionnels en cours de carrière ?

Selon les années, on pourrait dire de manière idéale que c’est du 50–50, mais c’est si je prends les dernières années on est plutôt à 25–75, 25% de salariés versus 75% de profils étudiants. C’est un peu la tendance en fait, j’ai plus de profils étudiants qui veulent se spécialiser puis après il y a des événements qui ont conduit à avoir plus de jeunes (la phase COVID et l’après COVID) parce que quelque part ils voulaient doper un peu leurs CV et mieux préparé leurs entrées sur le marché de l’emploi.

Concrètement, qu’est-ce qu’on va pouvoir apprendre dans ce Master ?

Alors au total, on peut répertorier quatre dimensions (ou quatre blocs de compétences) qui sont animées pour la partie académique.

  • Le premier bloc consiste à comprendre et maîtriser les clés de l’optimisation d’une chaîne de valeur dans sa globalité, avec une intégration de la notion de diagnostic, compréhension de la globalité d’une chaîne de valeur et trouver les clés pour l’améliorer ;
  • Le second bloc consiste à acquérir des compétences ciblées sur des processus de la supply chain, c’est-à-dire une maîtrise ou une connaissance de l’ensemble des dispositifs de planifications d’une entreprise, la maîtrise de tout ce qui est logique de distribution. Donc ça, c’est un développement de compétences sur les maillons de la chaîne logistique ;
  • Concernant le troisième bloc, il consiste à comprendre et à savoir comment appréhender et maîtriser les démarches d’amélioration continue pour doper la performance opérationnelle. Nous sommes donc connectés aux Toyotisme, au Lean Management et aux outils ainsi que les approches culturelles pour appréhender cette dimension ;
  • Et pour finir, le quatrième bloc est très centré sur la conduite de projet avec différentes facettes de la conduite de projet, c’est-à-dire comment structurer un projet, comment le planifier, etc.

Nous abordons un premier volet basé sur la dimension économique en faisant le lien avec les composantes précédentes (amélioration de performance ciblée, comment faire le lien avec des documents financiers etc.).

Et nous abordons un dernier volet sur la partie humaine de la conduite de projet avec des aspects autour de la conduite du changement.

Pour les personnes étant salariées, sont-elles sur un rythme d’alternance ou autre ?

Notre formule est de conduire l’année sur cinq mois de cours académique (en école à Paris) et c’est poursuivi par six mois de stage en entreprise (de mission industrielle) avec une thèse professionnelle à établir.

Nous ne sommes pas sur une notion d’alternance en continu, après sur le plan contractuel, ça nous arrive de bâtir des contrats d’alternance mais avec une particularité (alternance très partielle).

Alain fercoq master arts et métiers

Une fois ce master validé, vers quels métiers et/ou évolutions ce diplôme projette-t-il les jeunes diplômés ?

Il y a des fonctions de type management, c’est-à-dire qu’on prépare à ce que nos stagiaires gèrent des postes de manager de production ou de management au sein de la logistique, cela peut-être au sein d’une plate-forme logistique. Par exemple : responsable logistique, directeur logistique, responsable d’exploitation ou directeur de production.

Donc plutôt orienté vers des postes de manager qui ont une fonction opérationnelle de management qui inclut une part d’animation de l’amélioration continue (mais cela reste une part partielle).

Et puis d’autres fonctions touchent autour des postes de type ingénieur amélioration continue, responsable amélioration continue, responsable excellence opérationnelle.

Ce sont des postes qui n’existaient pas il y a 10 ans (ou très peu). Mais aujourd’hui il y a beaucoup de fonctions autour de ces notions d’excellence opérationnelle, parce que toutes les organisations ont intégré grosso modo des services qui portent l’excellence opérationnelle.

Avez-vous une recommandation à faire à une personne qui se pose la question et/ou qui souhaiterait intégrer cette formation ?

Mon message final consiste à dire que ce Master correspond bien à un besoin du marché, très centré aujourd’hui sur le développement de la pérennité et surtout sur la performance des entreprises mais aussi de l’employabilité des personnes dans le monde industriel. Quelque part nous répondons à un besoin du marché.

Donc suivez ce Master Manager de la Performance Industrielle pour développer votre employabilité à partir du moment où vous êtes motivé sur le sujet de l’optimisation de la performance de l’ensemble de la chaîne de valeur des entreprises industrielles.

Publié le 2 juin 2023

A propos de l'auteur
Yann NABUSSET
Fondateur du cabinet de recrutement AMALO
Diplômé d'un Master en achats, logistique et distribution. 👨🏻‍🎓
Recruteur sur les métiers techniques depuis plus de 10 ans 🥲
Je parle emploi, recrutement, industrie, logistique et supply chain.
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